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Dans la troisième partie de notre série sur le futur numérique, nous allons examiner la tendance de notre espèce à adopter la technologie au détriment de la durabilité et nous allons évaluer les progrès effectués par rapport à la gouvernance mondiale de l’espace.

Le futur numérique : l’espace

Les questions de la sécurité et des collisions potentielles dans l’espace suscitent une inquiétude accrue. Le manque d’une structure mondiale concrète pour la gestion du trafic spatial soulève des préoccupations particulières. Ces préoccupations ne feront qu’accroître avec le temps, car plus de nations seront engagées dans l’exploitation de l’espace, nous allons voir de grandes constellations de satellites et le montant de débris spatiaux en orbite continuera à augmenter.

Ces mots sont d’une importance primordiale pour la sécurité et la durabilité de notre environnement spatial en 2021. Elles proviennent de la recherche initiée en 2014 lors de la Déclaration de Montréal, une étude interdisciplinaire de la gouvernance mondiale de l’espace unissant les principaux experts dans le domaine du droit spatial avec des scientifiques, des ingénieurs et des chefs d’entreprise de la communauté spatiale.
Ce fut aussi en 2014 que quelques individus, dont moi-même, ont identifié la numérisation comme moyen d’atteindre la sécurité et la durabilité de l’espace, car avec la numérisation nous pouvons suivre globalement les événements dans l’environnement de l’orbite terrestre basse. Des satellites munis de capteurs optiques et la synthèse des données nous permettent de distinguer, de suivre et de cataloguer des centaines de milliers de débris spatiaux. Avec cette information nous pouvons donc prévoir la trajectoire des débris, des satellites et des vaisseaux spatiaux et empêcher des collisions dans l’espace. Cette idée a donné naissance à NorthStar Earth and Space.

Au cours des sept années qui ont suivi, la technologie numérique a repoussé les limites de notre capacité de produire des satellites à bon marché et de les déployer à grande échelle. En 2021 l’environnement spatial proche grouille de satellites et de méga-constellations, avec beaucoup d’autres prévus. Il s’agit d’une course pour lancer les satellites et pour fournir de nouveaux services innovateurs dans une nouvelle économie spatiale qui prochainement vaudra mille milliards de dollars. Bien que ce progrès soit prometteur, un examen plus approfondi indique qu’il s’agit aussi d’une autre course, une que nous connaissons que trop bien.

Au début du 20e siècle, grâce aux progrès technologiques dans la conception du moteur à combustion interne, les automobiles sont devenues disponibles au public. Ainsi, on a rapidement développé les rues et les réseaux routiers à l’échelle mondiale. Mais ce n’était que dans les années 1960, poussé par le nombre croissant de victimes et de morts, qu’on a établi des normes de sécurité universellement reconnues gouvernant le transport routier et le secteur automobile.

En 1903 les frères Wright ont réussi leur vol historique à Kitty Hawk, en Caroline du Nord. Ce ne fut que plus de cinquante ans plus tard, suivant la collision en vol au Grand Canyon en 1956 qui entraîna dans la mort tous les 128 passagers à bord, que la Federal Aviation Administration (la FAA) américaine a assumé la responsabilité de tout le trafic aérien au-dessus des États-Unis. D’autres nations ont suivi ce modèle, ainsi instaurant la gouvernance du trafic aérien moderne.

Dans leur développement, l’industrie de l’automobile et l’industrie du transport aérien présentent une tendance récurrente. Une nouvelle technologie est adoptée immédiatement, mais la sécurité et la durabilité sont laissées de côté, comme s’il s’agissait d’une réflexion après coup. Sur Terre en 2021, pendant que le monde lutte contre le résultat de siècles de mauvaise gestion de l’environnement, nous voyons clairement les conséquences. Mais aujourd’hui, sept ans après la Déclaration de Montréal, où en sommes-nous dans l’espace?

La réponse : il y a eu du progrès.

En 2019, le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies a adopté les 21 Lignes directrices aux fins de la viabilité à long terme des activités spatiales, donnant des directives sur l’orientation politique et sur le cadre réglementaire des activités spatiales, sur la sécurité des opérations spatiales, sur la coopération internationale, sur le renforcement des capacités et la sensibilisation et sur la recherche et le développement scientifiques et techniques.

En 2019 le Forum économique mondial a annoncé une initiative qui encourage le comportement responsable dans l’espace selon un système d’évaluation de la durabilité spatiale. Ce système attribue une note sur la durabilité d’une mission par rapport à la mitigation des débris et à sa conformité aux directives internationales.

En 2020, en se basant sur une initiative proposée par le Royaume-Uni, L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution, Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable, afin d’obtenir un consensus international autour du comportement responsable dans l’espace.

Bien que ces initiatives constituent une approche descendante, la bonne nouvelle, c’est que le 3 mai 2021, quelques jours après la rédaction de cette lettre, les pays du monde répondront individuellement à la résolution Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable. Le processus commence à tendre vers une approche ascendante, le seul moyen d’effectuer les changements. Les pays qui agiront en chef de file se verront récompensés.

La gouvernance spatiale ne se réalisera pas du jour au lendemain, ni par une seule entité. NorthStar fait partie de tout une mosaïque de compagnies commerciales et d’organismes scientifiques, académiques et gouvernementaux en train de répondre aux défis avec de nouvelles approches innovatrices. Le plus encourageant, c’est qu’à mesure que la nouvelle économie spatiale s’accélère, on s’accorde à reconnaître que le comportement responsable, la sécurité et la durabilité dans l’espace sont impératifs et non des ajouts pour plus tard.

Sept ans après la Déclaration de Montréal de 2014, le monde prépare activement la création de standards internationaux pour la gouvernance de l’espace dans l’avenir. Sept ans après la naissance de NorthStar en 2014, nous avons le privilège de jouer un rôle dans cette initiative. Par souci de sécurité et de durabilité de l’espace, faisons tous notre part afin de gagner cette course, une course que nous ne pouvons pas nous permettre to perdre.

Stewart Bain, Co-fondateur et PDG, NorthStar Ciel et Terre